i.d & l
Reconditionnement sous Linux
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i.d & l

D 17 août 2017     H 08:08     A Nâga    


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Interview avec Manuel PINTOR (Marestaing, proche de Toulouse), le 06/04/16.

Quand et comment l’histoire de i.d & l a t-elle commencé ?

Après une première sérieuse remise en question par rapport à un parcours professionnel qui me pesait fortement, alors que j’exerçais en tant que chef de projet informatique en SSII à Toulouse, je suis passé à temps partiel et j’ai monté i.d & l en avril 2010 pour concilier ce que je savais faire : de l’intégration et de la production informatique, avec une dimension développement durable, en l’occurrence la promotion du matériel reconditionné, et tout ceci à destination de petites structures professionnelle telles que des indépendants, des TPE et PME, ou encore des associations.

Après réflexion, j’ai opté pour l’auto-entreprise, ça aurait pu aussi bien être une association si j’avais trouvé des acolytes pour me suivre.

Il y a deux ans, j’ai décidé de prendre radicalement le large de mon boulot de directeur de projets informatiques après 28 ans de pratique et de me consacrer à i.d & l, entre autre.

Quelles sont vos activités aujourd’hui et combien de personnes cela touche t-il ?

Je fournis des services en informatique libre/Open Source (Ubuntu, Dolibarr, MedinTux, etc...) sur des matériels reconditionnés à des petites entreprises de mon secteur géographique de l’ouest toulousain. Ça va du conseil en amont, jusqu’à l’assistance à la prise en main ou à l’utilisation, en passant par les mises en œuvres et configurations sur mesure.

Je suis toujours auto-entrepreneur, donc seul dans le bateau.

Je réponds aussi à des demandes de mise en œuvre de sites internet basés sur Wordpress.

Depuis octobre 2015, j’interviens chaque semaine en tant que formateur pour l’association Combustible sur Toulouse pour permettre de réduire la fracture numérique de seniors de la ville. Il s’agit de permettre à ces personnes d’acquérir une certaine autonomie avec l’outil informatique, en l’occurrence cette année HandyLinux. Je suis particulièrement motivé par cette activité.

Quelle(s) distribution(s) utilisez-vous ?

Je préconise généralement Ubuntu que je maîtrise depuis 2006. J’ai mentionné HandyLinux, mais il m’est arrivé d’installer Mint. Bref, des dérivées de Debian.

Vous avez des partenariats locaux ?

Pour le matériel reconditionné, je m’appuie sur l’entreprise de reconditionnement Bis Repetita de L’Union (31) qui m’a toujours fourni en matériel de qualité (juste un graveur de DVD remplacé gratuitement en 6 ans et plus de 40 machines fournies), et à des tarifs très intéressants.

Je travaille également avec l’association Combustible de Toulouse, une belle relation avec certains depuis quelques années également.

Y a t-il des freins à votre activité ?

Les petites structures professionnelles n’ont pas l’habitude d’acheter du service, c’est un 1er frein.

Pour faire court, un artisan ira plutôt acheter une machine (pas nécessairement adaptée) et une boîte avec un logiciel (idem) au supermarché du coin plutôt que faire appel à une professionnel du service, au contraire des gros comptes avec lesquels je travaillais auparavant.

Payer pour un produit oui, pour une assistance c’est autre chose. Pourtant, avec un logiciel de gestion d’entreprise sur étagère, à installer soi-même sur un PC digne d’une configuration de jeu, certains sont déjà au maximum de leur compétence et s’aperçoivent alors qu’il leur faut donc encore payer pour un support...

Ensuite, vendre du service sur le libre/Open Source auprès d’une population qui ne connaît pas, même si Firefox ou VLC sont couramment utilisés, c’est avant tout un travail d’information. Or ces acheteurs n’ont pas de temps à consacrer à ça. C’est aussi une source d’anxiété pour eux.

Et puis, "si c’est gratuit c’est donc pas bon"... "La route est longue mais la voie est libre" certes, mais longue !

Enfin, le matériel reconditionné peut être considéré comme du matériel d’occasion... Avec la connotation de fiabilité douteuse que cela peut induire.

Donc les challenges, pour pas dire les freins, sont clairement multiples. Et le FUD [1] est toujours pratiqué chez les marchands de PC, voire par des informaticiens qui trouvent à se faire mousser en prétendant toujours encore que "ça marche pas".

Heureusement, souvent face à des déconvenues précédentes, parfois par éthique, certains comprennent les avantages à recourir au type de service que je propose, ils sont d’ailleurs fidèles à i.d & l pour une très large majorité.

Comment voyez-vous i.d & l dans 3 ans ?

Après 6 ans d’exercice, certes au début toujours salarié à temps partiel par ailleurs, i.d & l est encore très loin de générer un chiffre d’affaire suffisant, et donc un revenu. Dans cette formule, je ne pense pas être en mesure d’aller encore très loin.

En développant l’activité de formation commencée en septembre dernier, tout en maintenant l’activité de service i.d & l et en trouvant d’autres activités complémentaires peut-être...

Quand as tu découvert Linux ?

Au milieu des années 90 j’avais installé une Mandrake sur un PC et, bien qu’administrateur système UNIX (et VMS, si certains connaissent) j’avais fini par lâcher prise au bout de quelques mois.

Linux s’est ensuite invité dans les entreprises pour lesquelles j’intervenais sur Toulouse, j’ai pris le train Ubuntu en marche vers la fin 2005, ravi du progrès réalisé, et depuis pour mon usage personnel puis professionnel avec i.d & l je n’ai plus que ça.

À titre personnel (), je travaille aussi la photo sous Linux.

As-tu une citation préférée, une anecdote ou une histoire drôle sur le libre ?

Une cliente, artisan en peinture, était sur le point de jeter son portable/Windows XP par la fenêtre tant il ramait. Elle fulminait. Pour dire, elle avait le temps de fumer deux cigarettes avant qu’il ait fini de booter (véridique).

Un prestataire lui a pris 200€ pour installer un anti-virus supplémentaire (donc encore pire), avant qu’elle me demande d’installer Ubuntu, enfin convaincue.

J’en ai profité pour doubler la RAM pour 20 ou 30€ et sa machine démarrait en moins d’une minute, totalement opérationnelle.

Il lui a fallu un bon 1/4h pour admettre que c’était bien toujours la même machine : la sienne.

Quelle est la question que tu aimerais que je te pose ?

Oui :

Un mot pour la fin ?

Oui, il faudrait que ce type de prestation de services informatiques, basées sur les FLOSS [2] et si possible sur des matériels existants ou reconditionnés, se développe partout en autant de petits foyers, c’est ainsi qu’on parviendra à faire connaître le Libre et/ou Open Source et qu’on crédibilisera globalement le recours à de telles solutions.

Le marché est énorme : l’artisanat est la 1ère entreprise de France.

Si ce marché de service se développe, la demande fera que des logiciels professionnels de qualité se développeront (au lieu de coder une n+1ème fois une interface différente ou encore un autre outil de chat... il est temps de changer de braquet !), car c’est souvent LE frein pour convaincre un entrepreneur de passer à Linux : il n’y a pas l’application qu’il lui faut ou si elle existe elle ne tient pas assez la comparaison avec le logiciel propriétaire concurrent, je parle de mon quotidien...

Si des lecteurs ont besoin d’informations pour lancer une activité comme celle d’i.d & l dans leur coin ou même à côté de chez moi, je suis tout disposé à échanger avec eux. Il faut être compétent en Linux et dans les logiciels qu’on propose, solide en relationnel client, et surtout à l’écoute, constant et fiable.


[1NDLR : Fear, uncertainty and doubt (FUD, littéralement « peur, incertitude et doute », prononcé « feude ») est une technique rhétorique utilisée notamment dans la vente, le marketing, les relations publiques et le discours politique.

Elle consiste à tenter d’influencer autrui en diffusant des informations négatives, souvent vagues et inspirant la peur.

[2NDLR : Free Libre Open Source Software. Expression réunissant les différentes façons de désigner le logiciel libre, les anglais ayant un problème avec « free » qui veut dire tout aussi bien « gratuit » que « libre ».




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